Nationale

Editorial du Président

Notre vœu : vendre moins cher !

Il faut avoir le goût du paradoxe pour souhaiter à des professionnels adhérents d’une organisation patronale de vendre leurs produits moins cher. C’est pourtant ce que la FPI est tentée de faire, parce qu'elle a la conviction que le prix trop élevé des logements nous piège, et nuit à la société. C’est parce que les logements sont chers dans les villes où les français veulent habiter que nous connaissons la ségrégation, la gentryfication et l’entre soi ; c’est parce que l’offre abordable est trop rare que les promoteurs voient leur clientèle se resserrer, et doivent défendre des soutiens fiscaux de la demande comme le Pinel ; c’est pour remédier au logement cher qu’on oblige les opérateurs privés à mettre du logement social dans leurs programmes.

Il y a des déterminants très forts à la hausse des prix de l’immobilier, à commencer par la faiblesse historique des taux d’intérêt : l’Etat ne peut pas créer les conditions d’un prêt immobilier quasi gratuit d’un côté, et se plaindre de l’autre que les ménages s’endettent pour acheter des biens ! Il faut aussi compter avec le fait que nos villes sont de plus en plus attractives, grâce aux investissements publics : une ville embellie, desservie par le TGV et innervée par des transports publics est fatalement une ville plus chère…

Mais les prix élevés résultent aussi de choix faits par les décideurs publics, et c’est ce sur quoi la FPI continuera de se mobiliser : les PLU qui font de la surenchère technique et qui dédensifient, l’organisation de la rareté du foncier, les réglementations aux effets subreptices (l’obligation des douches à l’italienne, le « zéro artificialisation nette », les contraintes de chaleur renouvelable dans la future réglementation environnementale etc.), l’augmentation de la fiscalité locale (taxe d’aménagement, PUP) par des collectivités locales exsangues etc.

Dès lors, quelle réponse ? La première, et la plus importante, c’est de continuer de construire : si les prix sont hauts et croissent dans un pays qui bâtit 400 000 logements par an, qu’en serait-il s’il en construisait 30 % de moins ? Or c’est précisément ce qui se profile dans nombre d’agglomérations, où des candidats parlent de « pause » ou de ralentissement, remettent en question les grands projets urbains, critiquent la densité ou ressuscitent le mythe des logements vacants qui n’attendraient qu’à être remis sur le marché. Avec à la clé un risque fort de raréfaction de l’offre et d’inflation immobilière. Notre conviction, c’est qu’il faut inventer avec les élus locaux la ville abordable, durable et agréable à vivre. Et le meilleur moyen de la faire naître, c’est de la construire !